Quelques points techniques photo

 

Pourquoi des lentilles asphériques

Les lentilles asphériques ont longtemps été l'apanage des optiques ultralumineuses de haut niveau. Leur principale utilité est de diminuer la coma à grande ouverture; elles procurent en général un contraste plus élevé.

Vers 1995, sont apparues des lentilles asphériques bon marché obtenues par dépôt d'une micro-couche de résine optique à l'épaisseur modulée. Elles permettent de simplifier la formule optique des zooms d'entrée de gamme et d'en réduire le coût de fabrication.


Pour apprécier l'enjeu voici une vue du ciel prise avec un 55 mm 1,2 Nikkor ancien, sans lentille asphérique. La coma est énorme, la photo est inutilisable.

55 1,2 à pleine ouverture
 
Nikkor 55 mm 1,2

Peu visible sur cette reproduction transmise par l'internet, la coma saute aux yeux sur le négatif. Seul l'intérieur d'un cercle central d'environ 20 mm de diamètre est net. De plus, un important vignettage se manifeste dans les angles.

Detail Détail de l'étoile brillante proche du bord gauche en bas.

Des vampires nous menacent.
Les aigrettes typiques de la coma sont symétriques par rapport à la droite allant vers l'axe optique (direction sagittale).

Le gain du à la (ou les) lentille(s) asphérique(s) se manifeste essentiellement à ouverture maximale. Il est (beaucoup) plus important sur les bords. A ouverture moyenne le gain en pouvoir de résolution est quasi nul mais une amélioration du contraste est possible. Un gain indirect sur la distorsion peut être obtenu. Voir la page de Schneider (en allemand).


Focales fixes de haute qualité à formule asphérique
avec une évaluation subjective de la qualité à ouverture maximale des objectifs que j'ai essayés et un lien vers un avis plus détaillé pour quelques uns :

Ultra grand angle : 14 mm f 2,8 Nikon AF, 14 mm f 2,8 Canon EF, 12 mm f 5,6 Heliar (***) Grand angle : 28 mm f 1,4 Nikon AF (***), 24 mm f 1,4 Canon FD (**) et EF,
Standard : 55 mm f 1,2 Canon FD (***), 50 mm f 1 Canon EF, 58 mm f 1,2 Nikon (****), 55 mm f 1,2 Contax Téléobjectif :

 

85 mm f 1,2 Canon

 

Leica M   21 mm f 2,8 (****),  24 mm f 2,8,  28 mm f 2,  35 mm f 1,4 (****),  35 mm f 2,   90 mm f 2 apo Leica utilise un procédé de moulage sous haute pression du verre minéral donnant la forme asphérique, qui lui a permis de multiplier ces dernières années les modèles offerts. La fabrication traditionnelle par façonnage limite à l'extrême les cadences de production. L'ancien 50 mm f 1,2 était fabriqué par polissage.
Sigma 28 mm f 1,8 (***)à lentille asphérique par couche de résine

Comme vous le savez, les avis subjectifs ne valent pas grand chose ... je donne quand même le mien. 

L'évaluation se réfère uniquement au résultat à ouverture maximum. Elle est subjective, ne cherchant pas une mesure en valeur absolue, mais à traduire un résultat dans le contexte. Par exemple un 35 mm f 2 Nikkor AIS qui est de haut niveau à f 8 est assez mou à f 2.

Le Sigma 28 mm à f 1,8 est clairement bien meilleur à f 1,8 que le 35 mm Nikkor AIS à f2. Mais ce Sigma, sans être faible à f 8, est moins pétillant à cette ouverture que le 35 mm. De même le Leica M 35 mm à f 1,4 est moins bon à pleine ouverture que le 21 mm à f 2,8; mais je mets quand même 4 étoiles au 35 mm, car le résultat est obtenu à f1,4, ce qui est beaucoup plus exigeant qu'à f 2,8.

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L'effet Schwarzschild ou défaut de réciprocité

Schwarzschild est un astronome du début du 20ème siècle qui voulait améliorer la prise de vue en pose longue (jusqu'à une dizaine d'heures).

Il étudia scientifiquement la dégradation de la sensibilité nominale pour des poses longues et établit la loi d'écart ou défaut de réciprocité, c'est à dire le fait que la densité résultante sur le négatif exposé ne reste pas constante pour une quantité donnée de lumière reçue, cette dernière étant le produit :
[intensité du flux lumineux] x [temps de pose].

Nota : l'expression vient de ce que des pères de la photographie avaient appelé "loi de réciprocité" la constance de ces relations (bien vérifiée dans les temps de pose courants).

Pour la question spécifique des longues poses (une heure etc ...), il faut bien comprendre la nature atomistique du phénomène. Ce n'est pas le temps de pose total qui compte mais l'intensité du flux photonique (en lien avec la section de capture efficace et l'espérance d'arrivée d'un photon de confirmation).

Pour les situations de photographie classique (poses de quelques dizaines de secondes), la représentation simplifiée du lien temps/intensité lumineuse est tout à fait valable.

Pour ne pas les expérimenter à ses dépends, il est important de connaître les plages de validité des émulsions utilisées et les corrections possibles, qui combinent un facteur de prolongation de l'exposition et la compensation du décalage colorimétrique par un filtre approprié.

Ce n'est pas mon pain quotidien, mais le défaut de réciprocité se manifeste aussi pour les poses courtes (souvent moins du 1/10000ème de seconde), rencontrées au flash électronique. Au lieu du manque de photons, ce sont les effets de bord et/ou de coïncidence de collision sur le même grain sensible d'un flux en excès qui fait qu'une plus grande proportion sont perdus.

Ces données sont généralement mentionnées de manière sommaire sur les notices d'utilisation multilingues jointes aux pellicules, écrites tout petit, que personne ne lit.

Sur les sites des émulsionneurs, vous trouverez des fiches produits au format .pdf à télécharger (dans la section professionnelle):

Agfa ,   Kodak
Fuji USA, si ce lien ne marche pas, aller sur le site Fujifilm USA, option "Professionnal", puis "film" puis "professionnal film data sheet".

Exemples de corrections pour défaut de réciprocité

Fuji Provia 100 F 1/4000 ème- 128 s :
sans correction

4 minutes
exposition +1/3
filtre compensateur 2,5 G

8 minutes et plus :
inapproprié

Agfa 50 RSXII 1/10000 ème - 1 s :
sans correction

10 secondes
exposition +1/2
filtre compensateur 05B

100 secondes
exposition +1
filtre compensateur 10B

Kodak E100S 1/10000 ème - 10 s :
sans correction
non communiqué non communiqué

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Champignons sur les lentilles

 

Là, c'est vraiment la colique ... il n'y a rien à faire sinon vivre avec ou balancer l'objectif. 

Les champignons affectent le baume du Canada (une matière végétale avec laquelle on collait les lentilles entre elles jusqu'aux années 70), éventuellement le traitement antireflet. Les champignons ne s'installent que sur des objectifs gardés dans des endroits humides et mal ventilés (genre armoire dans une maison de campagne). Sous les tropiques, le mal est quasiment systématique; si vous achetez un objectif d'occasion qui y a séjourné, vous y aurez droit.

Si un cas apparaît, il faut se poser d'urgence la question du stockage de son matériel : il ne semble pas qu'il puisse y avoir de contamination d'un objectif à un autre, ce sont les conditions d'ambiance qui favorisent le développement de spores qui de toutes façons se baladent dans l'air en attendant leur heure. On a l'illusion d'une contamination, car un objectif est touché, puis un autre suit etc... En réalité c'est l'environnement commun qui joue. En tout cas, si l'on en voit, il y a le feu au lac.

On détecte difficilement le mal à son début : filaments discrets à la périphérie des lentilles (l'attaque vient par le bord, qui est la partie de l'espace inter-lentilles en contact avec l'extérieur). Ces filaments ne sont visibles que sous certaines incidences, en inclinant l'objectif sous une lumière forte. Le plus pratique est de les examiner dans la pénombre, avec une lampe de poche qu'on dirige de l'arrière pour éclairer l'intérieur de l'objectif.

Quand les champignons sont bien visibles, c'est que l'attaque est déjà très avancée.

Deux objectifs attaqués, très propres extérieurement
Objectif touché par les champignons     Objectif touché par les champignons

Vieil oculaire de stéréoscope
Oculaire touché par les champignons

Agrandissement du réseau de filaments
Oculaire : détail des filaments de champignons

Priez (si vous êtes croyant), prenez garde lorsque vous achetez d'occasion (j'ai eu des champignons sur un objectif par ailleurs en état quasiment neuf), ventilez et utilisez des dessicants pour votre stockage :

http://www.dehumidify.com/ProdDisc.html

silicagel chez L.L. Rue

sur e.bay, chercher "Hydrosorbent silica gel"- par exemple de la boutique Ezeedeal


Vraiment rien à faire ? apparemment, on peut tuer les champignons en passant un fongicide sur chacune des faces de toutes les lentilles. Ce qui entraîne le démontage, le décollage à chaud du baume, remontage avec recollage et recentrage soigné, le cas échéant reprise du traitement antireflet. Travail de haut niveau, difficilement justifiable économiquement, même pour du Leica, aux tarifs de réparation pratiqués en France.

Le conseil "techno" d'exposer les champignons aux UV à forte dose me paraît d'autant plus douteux que les intervenants le dispensant dans les users goups ne l'ont pas appliqué eux-mêmes mais ont seulement vu l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours.

page (en anglais) résumant des avis glanés dans les forums

page de Zeiss (en anglais)

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