les mouvements |
la bascule
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La bascule est le mouvement miracle qui permet de rendre net un paysage du premier plan à l'infini : dans ce cas, c'est une bascule avant qui est mise en oeuvre. La bascule orientée latéralement (ce que permettent les objectifs 24x36 la comportant) devient le pivotement. Il permet de rendre net un plan vertical oblique, par exemple un mur fuyant. La bascule est essentielle avec les chambres, pour toutes les vues, au studio comme en extérieur. En moyen ou petit format, elle est surtout utile en macro-photo. Ainsi que je l'ai précisé dans l'introduction, je me limiterai au mouvement le plus simple, la bascule avant, abordable en 24x36. |
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paysage net du 1er plan à l'infini |
Pointe Combrit, à l'embouchure de l'Odet A vrai dire, il faut pratiquement construire un cas d'école pour démontrer le bénéfice de la bascule en 24x36. Que de vues de champs de tournesols ou de la cour de Versailles nette du premier pavé jusqu'au clocheton n'ont été prises qu'à cette seule fin ! Dans les cas usuels, la grande profondeur de champ procurée en petit format par un grand angle est largement suffisante pour assurer une netteté de bonne facture. Je ne me sers donc qu'exceptionnellement de la bascule du 24 TSE, alors que je décentre plus de 90 % des vues que je prends avec. |
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macro-photo |
Le calculateur de profondeur de champ et de bascule Rodenstock A l'inverse de l'exemple du paysage net, les bénéfices de la bascule sont immenses en macro-photo. Elle permet en particulier de ne pas trop diaphragmer, pourvu que le sujet soit plan ou en soit proche. Un grand nombre de vues de macro-photo ne sont possibles qu'avec bascule. |
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contrôle de la zone de netteté |
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la bascule de l'objectif permet d'incliner le plan de netteté.
Le photographe règle la bascule pour faire passer le plan de netteté dans les zones qu'il désire nettes, et choisit un diaphragme permettant d'englober le reste des zones à garder nettes dans le "coin" qui s'étend au-dessus et au-dessous du plan optimum. |
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un training |
Si l'objectif bascule autour de son point nodal, l'image ne se déplace pratiquement pas, seule la netteté se répartit différemment. C'est le cas avec les chambres, dont les objectifs sont symétriques, lorsque la bascule est dans l'axe de l'objectif. En 24x36, c'est une autre affaire, car les objectifs grands angles sont rétrofocus. Les constructeurs s'efforcent de rapprocher l'axe de bascule du point nodal, mais il en reste éloigné et l'image se déforme considérablement en basculant. Aussi, sans expérience de la chambre, la prise en main d'un grand angle 24x36 à bascule s'avère des plus délicates, d'autant plus qu'on juge mal des plans de netteté dans leur viseur riquiqui. Je suggère le schéma suivant :
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objectifs à bascule en 24x36 |
En 24x36, il n'existe pas d'objectifs à bascule seule. Elle n'est offerte que sur des objectifs également à décentrement. Par ailleurs certains soufflets macro-photo comportent bascule et décentrement (Hama, l'ancien PB4 Nikon). On monte dessus des objectifs macro usuels; le tirage important offre le cercle image nécessaire aux mouvements. |
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Canon |
Canon a longtemps été le seul fabricant à proposer un objectif à bascule, le 35 mm TS en monture FD. Assez gros, excellent piqué, commande de bascule saillante ayant tendance à accrocher les écharpes et autres sangles. Mais l'angle de 35 mm n'était pas assez large pour le seul objectif à décentrement de la gamme FD. Au lancement de l'EOS, Canon a fait très fort en proposant une gamme de trois objectifs, les fameux TSE (pour tilt and shift electronic) : 24 mm f 3,5, 45 mm f 2,8, 90 mm f 2,8. S'ils n'ont pas l'autofocus, ces trois modèles sont entièrement automatiques, ce qui est très appréciable.
Enfin, l'effet de gamme joue à fond : aucun autre système n'approche le potentiel de service des TSE. |
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Nikon |
Le 85 mm Nikon PC offre bascule et décentrement (aussi devrait-il plutôt s'appeler TS pour tilt and shift, mais Nikon appelle PC ses objectifs à décentrement, pour perspective control, comme le 28 PC ou le 35 PC). Ses performances sont exceptionnelles, en macro comme à l'infini. Son volume un peu important limite son usage en photographie générale, et la préselection de l'ouverture maximum du diaphragme reste manuelle ! Il rend des services inestimables en macro, domaine où la bascule est au moins aussi utile que le décentrement. |
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limitations en 24x36 |
Les Canon TSE et le Nikon 85 mm PC connaissent les mêmes limitations, qu'il s'agisse de l'angle de bascule maximum ou de son orientation relative par rapport à la direction du décentrement. La bascule maximum est de 8 degrés. En paysage c'est plus que suffisant, en macro on peut souhaiter plus dans des cas extrêmes. La question de l'orientation relative de la bascule et du décentrement entraîne plus de limitations. La rotation de l'objectif sur sa monture, avec des points crantés réguliers, permet de basculer et/ou de décentrer au choix en vertical, en horizontal, ou en diagonal. Mais, entre les mains de l'utilisateur, l'orientation relative de la bascule par rapport à celle du décentrement est fixe. Les objectifs sont livrés "réglages croisés", c'est à dire que la direction de la bascule est à 90 ° du décentrement. En atelier, l'orientation peut être modifiée, et devenir colinéaire : bascule et décentrement sont dans le même axe. Mais alors, on est fort limité dans la combinaison bascule+décentrement, car l'axe optique s'éloigne beaucoup de l'axe du film, et le cercle de définition de l'objectif rappelle brutalement ses limites à l'opérateur, par un violent vignettage. C'est donc avec sagesse que les constructeurs livrent les objectifs réglages croisés. En paysage, ça convient bien aux situations classiques, car le décentrement a en général pour but de décaler l'horizon et pas de soigner la correction des verticales; on conserve celle-ci en cadrage horizontal, et il faut faire avec en cadrage vertical (voir exemple ci-dessus, le phare est honorablement corrigé). Ca se gâte en architecture, où l'on est vilainement coincé en cadrage vertical. Moralité : pour tout traiter en architecture, le père Ducros n'a plus qu'à se décarcasser et sortir avec une chambre munie d'un grand angle "qui couvre", c'est à dire donc le cercle image déborde généreusement du format du film. |
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Copyright de l'auteur : © <Dominique Césari>
Dernière mise à jour : vendredi 8 août 2003 |
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