les mouvements

 

la bascule Objectif à décentrement sur un reflex 24x36

 

     

 

 

 

La bascule est le mouvement miracle qui permet de rendre net un paysage du premier plan à l'infini : dans ce cas, c'est une bascule avant qui est mise en oeuvre. La bascule orientée latéralement (ce que permettent les objectifs 24x36 la comportant) devient le pivotement. Il permet de rendre net un plan vertical oblique, par exemple un mur fuyant.

La bascule est essentielle avec les chambres, pour toutes les vues, au studio comme en extérieur. En moyen ou petit format, elle est surtout utile en macro-photo. Ainsi que je l'ai précisé dans l'introduction, je me limiterai au mouvement le plus simple, la bascule avant, abordable en 24x36.

       
 

paysage net du 1er plan à l'infini

 

Pointe Combrit, à l'embouchure de l'Odet détail du haut
 
 
 
 
détail du bas

Pointe Combrit, à l'embouchure de l'Odet
Canon 24 mm TSE   -   bascule de 8 degrés, plongeante évidemment
utilisation de l'assistance de mise au point dans le viseur pour juger la netteté
mise au point au premier plan sur les fleurs jaunes et à l'arrière plan sur le phare.
ouverture de f 11 pour amplifier la profondeur de champ (usuellement, f 8 sur cet objectif).

A vrai dire, il faut pratiquement construire un cas d'école pour démontrer le bénéfice de la bascule en 24x36. Que de vues de champs de tournesols ou de la cour de Versailles nette du premier pavé jusqu'au clocheton n'ont été prises qu'à cette seule fin ! Dans les cas usuels, la grande profondeur de champ procurée en petit format par un grand angle est largement suffisante pour assurer une netteté de bonne facture.

Je ne me sers donc qu'exceptionnellement de la bascule du 24 TSE, alors que je décentre plus de 90 % des vues que je prends avec.

       
 

macro-photo

 

Table détail du haut
 
détail du bas

Le calculateur de profondeur de champ et de bascule Rodenstock
Flexbody avec 135 mm Makro-Planar à f 16   -   décentrement et bascule

la mise au point est simple, puisque le sujet est pratiquement plan.
la seule difficulté est le choix de l'angle de bascule, car le différentiel de netteté est très difficile à juger sur le dépoli.
j'ai utilisé le calculateur Rodenstock que l'on voit sur la vue pour déterminer la bascule

A l'inverse de l'exemple du paysage net, les bénéfices de la bascule sont immenses en macro-photo. Elle permet en particulier de ne pas trop diaphragmer, pourvu que le sujet soit plan ou en soit proche. Un grand nombre de vues de macro-photo ne sont possibles qu'avec bascule.

       
 

contrôle de la zone de netteté

 
  diagonale nette   diagonale nette
la même page, alternativement nette sur ses deux diagonales
Nikon 85 mm PC   -   pivotement incliné dans un sens puis dans l'autre
 
       
 

comment ça marche

 

la bascule de l'objectif permet d'incliner le plan de netteté.

Règle de Scheimpflug

Le photographe règle la bascule pour faire passer le plan de netteté dans les zones qu'il désire nettes, et choisit un diaphragme permettant d'englober le reste des zones à garder nettes dans le "coin" qui s'étend au-dessus et au-dessous du plan optimum.

       
 

un training

 

Si l'objectif bascule autour de son point nodal, l'image ne se déplace pratiquement pas, seule la netteté se répartit différemment. C'est le cas avec les chambres, dont les objectifs sont symétriques, lorsque la bascule est dans l'axe de l'objectif.

En 24x36, c'est une autre affaire, car les objectifs grands angles sont rétrofocus. Les constructeurs s'efforcent de rapprocher l'axe de bascule du point nodal, mais il en reste éloigné et l'image se déforme considérablement en basculant.

Aussi, sans expérience de la chambre, la prise en main d'un grand angle 24x36 à bascule s'avère des plus délicates, d'autant plus qu'on juge mal des plans de netteté dans leur viseur riquiqui. Je suggère le schéma suivant :

  • bien assimiler la règle de Scheimpflug sur un dessin; imaginer les plans P sur votre matériel et un sujet type.
  • trouver un cas d'école basique, ce qui n'est pas si simple. Choisir un jardin public avec des fleurs à ses pieds, bien dégagées devant, et une ligne d'arrière plan visible un peu au-dessus de l'horizon. La façade d'un bâtiment en réduction de perspective n'est pas un bon sujet d'entraînement, car elle se traite avec le seul décentrement si l'on est un peu éloigné, et elle est fort difficile à traiter si l'on en est très proche.
  • se munir autant que possible d'un boîtier avec mise au point assistée à plage large.
  • passer en manuel, déterminer l'exposition sans bascule, avec un diaph f 11 pour assurer, la régler.
  • imaginer l'angle de bascule qui conviendra. Il dépend de la hauteur par rapport au sol où se trouve l'objectif. Si vous êtes debout, 1 degré suffira (c'est bien pour ça qu'on peut prendre une telle photo sans bascule !). Si vous êtes 30 cm au dessus du sol, avec la première fleur à 40 cm de l'objectif, 5 degrés font une bonne base de départ. Bien entendu, la bascule est plongeante dans cet exemple. Je propose un cadrage vertical, qui permet d'utiliser au mieux l'assistance de mise au point.
  • orienter l'objectif pour disposer la bascule en cadrage vertical, régler la bascule à l'angle supputé;
  • cadrer approximativement (vertical), placer la fleur du premier plan dans la zone d'AF la plus basse, mettre au point. Lire la distance.
  • placer l'arrière plan dans la zone AF la plus haute, remettre au point. Si vous avez choisi un angle de bascule approprié, la distance ne devrait pas être trop différente.
  • mettre au point à mi-chemin entre les deux distances, cadrer définitivement et prendre la vue.
  • comme pour tout essai, noter vos réglages (angle de bascule, distance de mise au point, diaph), pour analyser les résultats et converger vers les bons paramètres.
  • à terme, prendre moins de marge sur la fermeture du diaphragme pour faire travailler l'objectif à une meilleure ouverture, et accroître la sécurité vis à vis du flou de bouger.
       
 

objectifs à bascule en 24x36

 

En 24x36, il n'existe pas d'objectifs à bascule seule. Elle n'est offerte que sur des objectifs également à décentrement.

Par ailleurs certains soufflets macro-photo comportent bascule et décentrement (Hama, l'ancien PB4 Nikon). On monte dessus des objectifs macro usuels; le tirage important offre le cercle image nécessaire aux mouvements.

       
 

Canon

 

Canon a longtemps été le seul fabricant à proposer un objectif à bascule, le 35 mm TS en monture FD. Assez gros, excellent piqué, commande de bascule saillante ayant tendance à accrocher les écharpes et autres sangles. Mais l'angle de 35 mm n'était pas assez large pour le seul objectif à décentrement de la gamme FD.

Au lancement de l'EOS, Canon a fait très fort en proposant une gamme de trois objectifs, les fameux TSE (pour tilt and shift electronic) : 24 mm f 3,5, 45 mm f 2,8, 90 mm f 2,8.

S'ils n'ont pas l'autofocus, ces trois modèles sont entièrement automatiques, ce qui est très appréciable.
Le 24 mm et le 45 mm sont de forme voisine. Ils sont assez gros, voire très gros pour des optiques de ces focales. Je préciserai mon avis sur le 24 mm dans la page décentrement : pas au sommet absolu en définition, mais globalement un objectif qui s'impose comme le meilleur choix dans son domaine. Je n'ai pas essayé les 45 et 90 mm, dédiés au "packshot". Ils ont la réputation d'excellentes performances dans leur focale, plus piqués que le 24. Le 90 mm est d'une taille plus proche des objectifs usuels de cette focale, et peut donc faire un excellent court télé d'usage général en plus de son usage spécial. A l'inverse du 24 mm, la bascule peut être fort utile en usage général avec le 90 mm, par exemple pour parfaire la netteté d'une façade de trois quarts ou, a contrario, pour isoler des détails nets par opposition au flou les englobant (les yeux en portrait, détail d'architecture, ...).

Enfin, l'effet de gamme joue à fond : aucun autre système n'approche le potentiel de service des TSE.

       
 

Nikon

 

Le 85 mm Nikon PC offre bascule et décentrement (aussi devrait-il plutôt s'appeler TS pour tilt and shift, mais Nikon appelle PC ses objectifs à décentrement, pour perspective control, comme le 28 PC ou le 35 PC). Ses performances sont exceptionnelles, en macro comme à l'infini. Son volume un peu important limite son usage en photographie générale, et la préselection de l'ouverture maximum du diaphragme reste manuelle ! Il rend des services inestimables en macro, domaine où la bascule est au moins aussi utile que le décentrement.

       
 

limitations en 24x36

 

Les Canon TSE et le Nikon 85 mm PC connaissent les mêmes limitations, qu'il s'agisse de l'angle de bascule maximum ou de son orientation relative par rapport à la direction du décentrement. La bascule maximum est de 8 degrés. En paysage c'est plus que suffisant, en macro on peut souhaiter plus dans des cas extrêmes.

La question de l'orientation relative de la bascule et du décentrement entraîne plus de limitations. La rotation de l'objectif sur sa monture, avec des points crantés réguliers, permet de basculer et/ou de décentrer au choix en vertical, en horizontal, ou en diagonal. Mais, entre les mains de l'utilisateur, l'orientation relative de la bascule par rapport à celle du décentrement est fixe. Les objectifs sont livrés "réglages croisés", c'est à dire que la direction de la bascule est à 90 ° du décentrement. En atelier, l'orientation peut être modifiée, et devenir colinéaire : bascule et décentrement sont dans le même axe. Mais alors, on est fort limité dans la combinaison bascule+décentrement, car l'axe optique s'éloigne beaucoup de l'axe du film, et le cercle de définition de l'objectif rappelle brutalement ses limites à l'opérateur, par un violent vignettage.

C'est donc avec sagesse que les constructeurs livrent les objectifs réglages croisés. En paysage, ça convient bien aux situations classiques, car le décentrement a en général pour but de décaler l'horizon et pas de soigner la correction des verticales; on conserve celle-ci en cadrage horizontal, et il faut faire avec en cadrage vertical (voir exemple ci-dessus, le phare est honorablement corrigé). Ca se gâte en architecture, où l'on est vilainement coincé en cadrage vertical.

Moralité : pour tout traiter en architecture, le père Ducros n'a plus qu'à se décarcasser et sortir avec une chambre munie d'un grand angle "qui couvre", c'est à dire donc le cercle image déborde généreusement du format du film.

       
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Dernière mise à jour : vendredi 8 août 2003