Charger l'appareil
Patience et calme pour glisser la pellicule dans le dédale des chicanes.
Punition : une pellicule passée à côté et tout un rouleau fichu (ça m'est arrivé - pas au début, on se concentre).
Ne pas dépasser les 21 vues au Widelux. Punition: privé de boîtier jusqu'au déchargement en chambre noire, ou perte de la pellicule achevée.
Tenir l'appareilIl y a les tenants du pied. Quitte à être iconoclaste je suis partisan de la prise de vue à main levée, en
plaquant le boîtier sur le ventre avec les mains à chaque extrémité,
prenant en étau les faces inférieures et supérieures (bien dégager le champ rotatif de l'objectif - déclencher du pouce droit). On regarde du dessus la bulle du niveau, qui permet de tenir le boîtier bien horizontal.
En pratiquant comme ça, la mise en batterie et la prise de vue sont ultra-rapides et d'une discrétion exemplaire. La stabilité est suffisante au 1/125 et 1/250 ème et acceptable au 1/15ème.
Bien entendu une cellule séparée est indispensable. Je mesure en lumière incidente en prenant une orientation neutre, ni la plus au soleil ni la plus anti-solaire.
Il paraît qu'il vaut mieux éviter le 1/250 ème qui est plus sujet à l'effet de "stores vénitiens" du aux irrégularités de rotation : la zone balayée
plus rapidement est foncée, l'autre plus claire. Il ne faut pas exagérer ce risque de dysfonctionnement (j'en ai observé un prononcé sur une bande d'essai d'un vieil Horizont).
On peut filtrer, mais pas au polarisant (il n'en existe pas - son réglage serait mal pratique et son effet irrégulier voire déplaisant vu le champ couvert). Les filtres ont la forme de petites poëles à frire de 2 cm de diamètre environ, qu'on enfile sur un ergot latéral.
Le cadrage
A l'aveuglette : c'est ma solution. Je me guide avec les repères de champ gravés sur le boîtier - quelques couacs. Pour raffiner, prendre un reflex avec une focale approchante, le fixer sur pied, et balayer la zone de visée.
En tout cas garder l'appareil bien horizontal au moins au début; la bulle est la pour ça. L'aplomb en cadrage vertical est encore plus trompeur. Le vieux truc des photojournalistes pris dans la foule et cadrant
au dessus de leur tête un Rolleiflex renversé n'est pas applicable: horizon penché garanti.
Pour accentuer la rotondité de la terre on peut se risquer à la plongée ou contre-plongée en gardant l'axe de l'appareil symétrique (voir le parapente).
La composition de monuments en plongée ou contre-plongée relève de la grande maîtrise (voir la page d'accueil du musée du Louvre).
La composition
C'est le plus dur. Soigner les premiers plans (voir pano grand angle), l'équilibre zones claires / foncées.
Rompre la monotonie que créent des bandes horizontales parallèles telles que : premier plan de champs plats, plaine, arrière plan de collines d'altitude constante, ciel.
En plus il faut imaginer le résultat, car on ne peut pas saisir globalement du regard dans le viseur l'ensemble du champ couvert.
Le port de La Rochelle

Cette image réunit plusieurs atouts : l'ensemble du champ est rempli y compris le premier plan, il est homogène, il n'y a pas de coupe malencontreuse (celle des mats me semble tolérable), il n'y a pas d'objet laid.
L'image n'est pas monotone, grâce au foisonnement de détails et au passage du gris au blanc des embarcations et des quais du fond.
En revanche il n'y a pas de point fort dans l'image. Par exemple un monument ou une embarcation qui s'imposerait et retiendrait le regard. D'autre part ce cadrage n'offre pas de vue sur l'exutoire vers la mer (qui consolide l'appréhension du sujet comme étant un port) et n'embrasse pas les tours emblématiques de La Rochelle.
L'image s'organise en bandes parallèles et le ciel est un peu envahissant. Sans décentrement, seule une colline en surplomb, telle la citadelle de Calvi, aurait pu l'empêcher.